Les rivages ont un destin
faire face à la mer
il s'affine depuis
en myriades de grains
sous le vent
les colères
le temps toujours
aux passages des marées
le sable
s'alourdit
le rivage
est plage
des odeurs
en émanent
au frottis des vagues
un univers de mots
houles après l'autre
qui disent
tu es l'ourlet
de face
en mon destin
je n'ai qu'une amarre
ton sable suffit
à l'abri des hurlements du large
le rivage
Commentaires
cela fait longtemps... mais une excuse, j'ai beaucoup travaillé.... merci de ta présence !
Un paysage état d'âme se dessine. La mer, le large, désignent la vie sociale. Les marées, les houles et les vagues représentent le temps qui passe. Le rivage figure la vie intime (glissement de l'article indéfini à l'adjectif possessif en italiques : "un destin", "mon destin"). La plage, avec son sable, entérine les phases de la vie amoureuse (jeu antithétique : "s'affine" / "s'alourdit", météorologie intime : "le vent", "les colères", "le temps"). Le poème souffle la confidence d'un indéfectible attachement à l'aimée (hyperboles suggérant ou entérinant l'abondance du travail d'écriture : "en myriades de grains", "un univers de mots", exaltation des sens : "des odeurs / en émanent", "au frottis des vagues", locution restrictive : "je n'ai qu'une amarre", métaphore imprimant l'image de la finition : "tu es l'ourlet").
Merci pour ce partage !
Un seul mot: sensation.
"Tu es l'ourlet
de face"
Quelle belle image! mais c'est exactement ça! direct me vient à l'esprit la houle mousseuse de la vague qui roule et s'enroule sur le rivage.
Chaque métaphores me parlent, m'emmènent avec elles pour goûter à toutes les sensations: auditives, visuelles, odorantes.
Un poème à la fois intense et apaisant.
Tout me plaît dans ce poème :
d'abord son titre, aux sonorités apaisantes :"au loin du large"
la mise en mots,
la mise en page (en plage)
la métaphore du destin
le rythme du ressac…
je relève (entre autres)
"il s'affine depuis
en myriades de grains
sous le vent
les colères
le temps
toujours"
Ici chaque mot entraîne une double évocation : les "grains" de sable mais aussi les colères soudaines du vent, le temps, météo qui a une action importante sur la plage, mais aussi le temps qui passe.
Merci pour ce riche et agréable moment de lecture.
Belle métaphore que celle de la plage pour une déclaration (malgré les houles ou grâce à elles ?) :
je n’ai qu’une amarre
ton sable suffit
à l’abri des hurlements du large
le rivage
Ma perception s’est « affinée » après plusieurs lectures.
tu es l'ourlet
de face
Ça, c'est du cousu main.
Bravo maitre ! Un très beau poème.
Pour répondre à Jamijo, après avoir questionné RB : « s’affine » s’accorde avec « destin ».
Oui, j'ai bien aimé et bien compris ce texte, celà m'étonne d'ailleurs, car c'est si loin de la forme classique. Cependant, il transpire la poésie, par chaque pore (et non port), par chaque mot qui ouvre à l'esprit l'image et la valeur du mot. Bravo pour cette réalisation très poétique, je n'en ferais pas autant. En relisant le texte, je pose une question à l'auteur. Après : les rivages ont un destin..."il s'affine" s'accorde avec "les rivages" ou "destin" ?