Commentaires
Ce que l'on retient de ce poème, c'est la retenue.
Des murs se dressent, pour la permettre. Des murs de pierre. Nous sommes en Provence : « pierre oblige sèche ».
Les murs s'opposent au ravinement, à l'érosion, au départ de la terre, « terre d'érosion retenue ». Avec les « restanques », tout ne s'en va pas, la terre reste, l'eau, et le temps, ne l'emportent pas au loin, ne la dispersent pas. La terre reste et les cultures seront possibles, et toute éclosion future. Tout ne glisse pas vers un passé, en bas de la pente, où rien n'est plus.
La terre souffre sous la chaleur, craquelée par le soleil, « rongée » par lui.
Sous le soleil d'été, une fournaise, « terre fournaise ». Sous la chaleur accablante, nulle vie ne semble possible. Pas même celle des oiseaux « aucun oiseau l'été / la chaleur / piaille ».
La terre reste, c'est elle que l'on voit, elle qui se fait entendre, elle qui répond au soleil et à ses brûlures. La terre souffre, mais elle reste, elle n'est pas anéantie.
Terre aride, « terre à cru », mais terre accrue, elle n'a pas dévalé la pente ; mais terre à crue, elle sera fertile.
Déjà pourtant, elle fait croître, comme un fantasme, « un spectacle absurde » : des « nus ». Nudité osée, nudité teinte d'osier. Nudité naturelle, comme celle des nouveaux nés.
La terre est retenue, la chaleur accable, mais le temps ne s'écoule plus ; mais demeurent, grâce aux murs de pierre, les restanques, la possibilité d'une vie nouvelle, d'une renaissance, dans la nudité d'une innocence.
Il y a encore des terreaux fertiles, malgré l'accablement estival, ce midi douloureux de la vie : promesses d'un renouveau. Promesses d'une vie à neuf.
Les mots du poème se dressent, pareils aux restanques, en retenue, en soutien, contre le désespoir.
Bien qu'un peu court, ce texte est très évocateur.
"terre fournaise à pieds nus sur la rocaille" provoque presque le réflexe de soulever le pied qui se risque sur le sable brûlant !
Merci de votre lecture et de cette conclusion fort pertinente luluberlu.
Merci brume, l'image de ton avatar est bien plus fraîche que ce petit bout de texte...
A Jamijo, oui, je peux vous répondre que je n'ai simplement pas envie d'écrire autrement ou comme il y a cent ans, deux cents ans, trois cents... je ne ressens pas le besoin de "dire des choses rationnellement compréhensibles" ou "mélodieusement faciles" (et pourtant il y a le mot "dieu" là-dedans !).
Lisez beaucoup de poèmes en vous laissant "aller"...., un jour ou l'autre, il y en aura un qui provoquera quelque chose d'indéfini en vous sans que vous ne puissiez l'interpréter ou l'expliquer autrement qu'en exprimant une émotion.
S'il est difficile de trouver des recueils en librairie aujourd'hui (autres que les sempiternels classiques, symbolistes, parnassiens, romantiques,...) il s'en trouve des quantités extraordinaires sur Internet, ici mais aussi là par exemple : terresdefemmes.blogs.com/
Il fait trop chaud ici! j'ai aimé cette sensation.
L'atmosphère est moite, et le visuel est mis en éveil.
J'ai bien entendu la petite musicalité.
Etrangement quand j'ai lu cette strophe:
"aucun oiseau l'été
la chaleur
piaille"
l'image de me jeter de l'eau froide m'est apparue.
J'aime les couleurs, la beauté des vers et l'originalité du poème.
Une agréable lecture.
Superbe poème tout en suggestions. J’entends les cigales (supportables pour les natifs uniquement). J’ai tout de suite accroché et j’ai pensé à Pagnol. Ça crisse, craque et stridule sous le soleil. La nature accablée proteste.
Allez, hop, dans le hamac pour une longue sieste rêveuse.
PS : courage lecteur ! Métaphore et métonymie sont les deux mamelles auxquelles se nourrit RB
Cela m'a créé quelques images de terre nue, aride, chauffée par le soleil; cette manière d'écrire ne me parle pas, manque de rythme, de musique des mots. Je suis désolée de ne pas faire l'éloge de ce trop court poème.
J'aime bien mais c'est un peu court.