Elle vit les phares s’éloigner dans la nuit. Mais... les avait-elle réellement vus ou croyait-elle seulement les avoir vus ? Berthe en réalité n’était plus sûre de rien, tant dans sa tête, se mélangeaient et se bousculaient les images et les faits depuis... depuis ?
Parfois pourtant et par bribes lui revenaient en mémoire quelques détails de ce stupide accident : la grande salle de sport, le ballon de gymnastique, la chute tellement douloureuse et puis... plus rien. Berthe avait beau essayer de se rappeler, son cerveau, sempiternellement, s’y refusait.
Juste un peu de temps lui avait-on dit et tout rentrera dans l’ordre. Mais le temps passait sans qu’elle soit beaucoup mieux dans son assiette ; c’est en tout cas ce qui fut supposé vérifié au vu des véritables poussées délirantes dont elle était victime par moments.
C’est ainsi que son « présidentiable » de mari (comme elle se plaisait à l’appeler pour le taquiner) l’avait retrouvée ce matin-là enterrant sa bonbonnière en argent dans leur carré de radis parce que poursuivie, disait-elle, par un acheteur compulsif et par trop envahissant !
Un autre jour il l’avait surprise dans le jardin qui s’apprêtait à planter un arbre.
— En été nous pourrons profiter de son ombrage ; n’est-ce pas une belle idée ? Qu’en penses-tu ?
—…
— Alors ?
Qu’aurait-il pu en penser ? Son arbre n’était qu’un arbre en peluche ridicule !!
Les contraintes ICI
Commentaires
L'histoire est originale, tient la route et ça me plaît. Un début très intéressant et une fin bien trouvée.
On aurait envie de savoir comment cela va finir pour elle....
La contrainte est respectée et se fond dans le décor. Juste un bémol pour "et par trop envahissant !" qui me semble être de trop ou mal dit.
Le tracé est tout simple, logique mais ne perd pas de charme.
Sympa cette petite histoire.
Bravo
K
Bonjour Olala,
Tu m'as bien fait rire. J'adore l'enterrement de la bonbonnière. Mais ton personnage a vraiment du soucis à se faire. Elle ne devrait pas tarder à interesser le corps médical
Belle métaphore que celle de l’enterrement de la mémoire qui parfois peluche (une berthe de mémoire comme on dit quand on est enrhumé), et servit pas une écriture fluide et agréable. Un texte touchant.
Juste un bémol, ce : « sans qu’elle soit beaucoup mieux dans son assiette » que je trouve curieux.
Olala, pauvre Berthe ! La voilà mal partie avec son acheteur compulsif de bonbonnières en argent quelque peu harceleur...Elle a bien fait de l'enterrer.
Quant à l'ombrage fourni par un arbre en peluche, je crains que cela ne suffise pas à lui rafraîchir la mémoire !