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Inspiré d'un tableau de Messagio : ICI

Un jour gris et maussade, une ambiance ouatée, presque hermétique comme souvent à cette période de l’année ; l’envie de rien... Sur les genoux, une revue d’art que je feuillette distraitement : un nom se détache pourtant qui sonne comme une musique, Célestin Messagio ; quelques-unes de ses œuvres accolées où chantent les bleus, les rouges, les jaunes et les orangés, tout un arpège, une symphonie de couleurs. Et puis cette toile plus sombre, ce tableau qui pourrait rimer avec taureau ou torero !

Et mon imagination de se débrider et s’emballer !

Nous sommes à Séville. La féria bat son plein. Ciel indigo, soleil brûlant, chaleur,

moiteur. Sur les gradins se déploie la vague hurlante et mouvante des aficionados.

Dans l’arène, un face à face redoutable et majestueux tout à la fois a opposé le toréador en habit de lumière et son noble adversaire en robe de velours noire : l’un farouche et fier chargeant, tête basse et cornes en avant ; l’autre agile et sûr de lui, muleta déployée, s’effaçant d’un pas avec calme.

Dans ce long et pénible corps à corps, la bête ne sait plus où donner des cornes : à gauche, à droite, à droite, à gauche... À ce jeu-là, bien sûr, l’animal ses forces a épuisé ; la sueur mouille son grand corps d’ébène, écume et larmes mêlées brouillent sa vue ; il n’a pu échapper aux picadors et à leurs cinglantes et douloureuses banderilles. Son pelage désormais maculé de sang, il trébuche, s’affaisse dans un nuage d’eau et de poussière, se relève : il aurait tant voulu « l’avoir cette danseuse ridicule ».

Maintenant haletant, soufflant, les flancs ruisselants de sang, une fois encore il fait face à ses bourreaux, mais... vaincue, l’énorme masse écumante, dans la poussière, tombe à genoux comme pour une dernière et douloureuse supplique. Peut-être songe-t-il, au moment suprême, aux immenses prairies qui l’ont vu naître et à tous ces riants paysages d’eau, d’air et de terre qu’il aurait tant mérité de retrouver ?

 

5.04
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Commentaires

chVlu
Portrait de chVlu
Magnifique

Magnifique téléportation....

 

Je suis loin d'être un anti, pas off..( oups pas de gros mots!!) non plus.  et malgré tout, quel plaisir de lecture !!!

 

Je ne suis pas foncièrement fan de l'entrée en matière que j'ai ressenti comme un peu empruntée, pataude. Surement d'autant plus qu'à compter de Nous sommes à Séville

c'est de la dentelle délicate...

 

J'y retrouve parfaitement la contrainte qui est d'être dans le tableau, et contrairement à la bête martyre, elle ne transpire pas du tout...

 

bravissimo !!!

Sören Kierkegaard (1813-1855), Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est le chemin

plume bernache
    Surprenante et belle

 

  Surprenante et belle évocation de cette danse macabre, de ce combat perdu d'avance pour cet adversaire en robe de velours noir. Oui, j'espère que ses dernières pensées le transportent dans les vertes prairies de sa jeunesse... 

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