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Sonné, assommé, je déambulais, filigrane parmi des spectres fuyants et insaisissables.

Pourquoi, comment, quand, qui ? Autant de questions sans réponses, et de réponses sans questions, à ruminer.

J’errais dans les méandres d’un monde décomposé sur lequel je jetais un voile de larmes pudiques. Je n’étais plus qu’un reflet dans une flaque mazoutée. Mon inconscience confuse hantait une forêt de fantômes, je finis par entrevoir un échantillon de réalité. Singeant une humeur visqueuse, un vide sidérant avait tout empli.

Les souvenirs du fracas se dessinaient en ombres chinoises. Un séisme ou une éruption avait tout rasé. Les souvenirs devenant mirages, demain perdait son horizon.

Apeuré, je me tenais reclus au fond de mes idées noires, m’accrochant désespérément à mes douleurs, ultimes symptômes de vie, comme un naufragé pendu à son rafiot.

 

 

« Défenestré, l’ombre de moi même suffit-elle à, faire, être, illusion » ?

 

Deux petits lutins facétieux surgirent, tels de petits diables bondissant hors du ventre d’un passé terrassé. Uniques survivants et descendants d’un monde disparu, ils aspiraient à vivre. J’assumais, par devoir et avec abnégation, le rôle de ma vie. Puisant dans mes dernières forces, je les accompagnais.

Ils s’évanouissaient et réapparaissaient, alternativement, comme par magie noire. Noir, tout était noir ! Non, rien n’était blanc ou noir ! Tout était d’un noir vert-de-gris. Je replongeais dans le labyrinthe de mes frustrations, mes désirs arrachés, mes envies interdites. En cette époque d’intime guerre sanglante, je ne trouvais refuge que dans le néant. Peu à peu la sensation d’être s’épuisait, comme une bougie chancelante se noie dans sa matière liquéfiée. Ma lueur toujours plus fragile se diluait dans cette nuit opaque.

 

M’enfonçant, toujours plus profondément, dans mon coma je m’écorchais aux épines du futur périmé. À force de perdre les miennes, je finis par trouver mon intime essentiel. L’instinct animal, m’interdit d’échapper à la torture par abandon.... ici la vie laissait le champ libre à l’ironique survie...

J’acceptais que demain ne soit plus la réalisation des rêves d’hier. Je repoussais même les derniers vestiges d’un « à venir » ravagé.

Saisissant du bout des doigts mes dernières volontés, j’ouvris une fenêtre.

 

 

« Pseudo, mon gémeau pseudo, ne vois-tu rien venir ? »

 

À moi, rendu muet, le clavier devint paravent et porte-parole.

Pour marquer ce que je croyais être une renaissance, je dus me choisir un nom de baptême. J’exhumais un bout de passé antérieur en guise de pseudo.

Mon quotidien était désormais rythmé, meublé, envahi, par mes visites au PC.

De cette position stratégique, je scrutais ce monde dont j’étais, ou, je m’étais, exclu. Bercé de douces illusions je m’inventais un semblant de paix intérieure. À force d’imaginer pouvoir, j’étranglais mon besoin de faire et misais mes derniers espoirs, d’être, sur un hasard heureux. Il pointerait, je m’échinais à y croire, le bout de son nez, espiègle et entraînant, par l’encadrement.

 

 

« J’étais à la fenêtre et je les ai vus. »

 

Le sentier escarpé vers la résurrection était-il vraiment derrière cette baie trônant au centre du mur ? Dans cet univers carcéral auto géré je croisais :

  • des dingues et les paumés gavés à l’audace du virtuel, gonflés d’égo sans gène,

  • des prédateurs sans empathie, qui jouaient au chat avec les petites souris blessées,

  • des frères et sœurs d’infortunes, nous n’avions que nos jours déchus et meurtrissures à offrir.

Je n’osais même plus tendre la main dans l’espoir qu’une autre ne la prenne. Il est des âges où l’on peut prendre du plaisir ou la main, sans demander la permission à quiconque.

Belote, re et dix de der !

Ou de perdues ou de retrouvées ?

Alors que je dissimulais mes fuites lacrymales dans l’océan virtuel de ma baignoire, je décidais de prendre pied sur l’appui et de sauter...

Je trébuchais sur d’autres arrachés à l’humanité, qui avaient, eux, même décidé que la fenêtre serait une porte. Mais faire la part des choses entre illusion, rêve, réalité, volonté forcenée, n’est pas une sinécure.

 

 

« Elle était à la fenêtre, et, nous nous sommes vus !
&

J’étais à la fenêtre, et, j’ai vu le mur ? »

 

Un jour, ou une nuit, j’enjambais le rebord, et d’un pas furtif me glissais de l’autre coté, un pas vers elle. Les jours défilaient en syncopes, à contretemps. Les nuits étincelaient de coda, comme des retours vers le futur. Un lien devenu favori me ramenait à lui, vers elle plus souvent que mes lois du hasard ne l’autorisaient. De petits rituels initiaient un passage, même pas secret, entre ici bas et l’au-delà. Une fenêtre comme porte entre deux mondes.

Les démons ont commencé leur long et méticuleux travail de sape des impossibles à vivre et des rêves éveillés.

 

Et si je n’avais pas sauté en marche d’une existence mais de la vie ? Et si la fenêtre n’était qu’un trompe-l’œil ?...Mon œil !

Dans mes pérégrinations erratiques sur les voies électroniques, je découvrais de nouvelles trouées à parcourir, un abyme au fond du trou, une glace dans un miroir, un ici dans un ailleurs....

L’un de ces écrans me conduit sur un faux semblant de vie, laborieuse. Encore un de ces tours de passe-passe à la Majax. Il faut toujours se méfier des Gérard !

 

 

« J’étais à la fenêtre et je vous ai vus... vous aussi ! »

 

Une autre embrasure ramena à la vie des vestiges. Des amitiés se réanimèrent avec leurs effets désirables. La réaction en chaîne s’amorça, comme une infection, des foyers de vie essaimèrent.

Un jour, par l’une de ces lucarnes, filles de celle qui est magique, une main s’est tendue. Je me suis penché pour la saisir, et la voilà qui me fuit.

Je m’interdisais de lâcher, cramponné à l’espoir d’une main, et à la douleur (cet ultime signe inéluctable de mon état de vivant) de l’autre ; j’entrais en résistance. Les ventaux se refermèrent lentement, comme une plaie cicatrise, sans double tour. La lumière n’y filtrait plus.

 

Une nouvelle, bonne, faisant un pied de nez à la malédiction, trouva son chemin par un petit espace vitré, qui sait à l’appel se faire entendre. Comme quoi les forfaits, ont en commun avec les malheurs de savoir parfois être bons à quelque chose.

Du fond de ma poche, le tant espéré d’antan, maintenant inattendu, revint à moi. Une voix surgit de nulle part et me rappela à la fenêtre. Celle-ci s’étalait en plein écran, et déchira le mur des lamentations pour m’ouvrir une voie.

 

« J’étais à la fenêtre et je vous ai vu, vous, eux, mes lendemains que j’espère, …. encore ! ».

 

J’y cours....

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Commentaires

chVlu
Portrait de chVlu
Mer chie; Pepito   "Sonné,

Mer chie; Pepito

 

"Sonné, assomé" pourquoi la doublette ?

 

Ouh putaing con !!!  on dirait une de ces questions en voiture qui t arrive des siéges arrières.....En fait j'en sais rien, j'en pris en compte tes premiers avis sur la réponse et de façon raisonnée j'en arrive à la conclusion qu'elle sert à rien. Pourtant au moment d'effacer : pas moyen ! Comme une amputation  que je refuse...

 

"et de réponses sans question" un poil facile ;=)

 

Ah bon ! pourtant je l'aime bien celel là et elle colle au fond....

 

"... faire, être, illusion" j'ai pas trop aimé l'effet

 

Là je me suis un peu roulé, comme un jeune chien fou, dans le facile et j'ai bien aimé alors j'ai laissé....

 

 

 

Je comprend la difficultée à te positioner par rapport au texte, d'autant plus que je l'ai voulu dans l'univer des ressentis en faisant ques allusions aux faits. Pour toi impossible de détacher les ressentis de la partie d'histoire vraies que tu connais...

 

alors double merci d'avoir commenté.......

 

 

Sören Kierkegaard (1813-1855), Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est le chemin

Pepito
Hello chVlu,   Furetons z'un

Hello chVlu,

 

Furetons z'un peu : le début est mieux, mais reste pour moi un poil lourd.

 

"Sonné, assomé" pourquoi la doublette ?
"et de réponses sans question" un poil facile ;=)
"... faire, être, illusion" j'ai pas trop aimé l'effet

 

"...reflet dans une flaque mazoutée" ché bon cha ;=)

 

Puis, aux lutins, ça décolle, ça s’allège (logique ;=)

Le fond est noir et, pour moi, surprenant. A la relecture, c'est même bien pire. L'amélioration de la "forme" n'y est surement pas pour rien.

J'ai un peu de mal à juger sereinement l'écrit, connaissant déjà  l'histoire par bribes. Je n'arrive pas à voir si le texte d'un inconnu me ferait un tel effet, ou si il me lasserait de trop de noirceur...
En tous cas, là, il ne passe pas inaperçu... et pas que pour moi ;=)

 

Merci pour cette "nouvelle" lecture.

Il me tarde de te lire "plus gai" ;=)

 

Pepito

L’écriture est la science des ânes (adage populaire)

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