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Parcourir un désert à dos de chameau, franchir des cols à pied, pédaler le long des fleuves : trop banal. Ramer pendant des heures, c’est la galère ! Pourquoi ne pas traverser le bassin d’Arcachon en éolienne ? Les Landes voisines en regorgent et elles ne demandent qu’à voyager.

C’est parti ! Depuis longtemps j’imaginais, vus des nuages, l’île aux oiseaux, les cabanes tchanquées et les casiers ostréicoles. Comme ça, pour observer les mouvements de la marée et les effets des herbiers qui prolifèrent en été. Enfin, je pourrai naviguer en suspension à mon gré et éviter l’affluence des voiles, des moteurs, des nageurs et autres occupants de ce coin de paradis aquatique. Et puis, tourner les hélices n’est sûrement pas la mer à boire !

Maintes mélodies qui ont bercé ma jeunesse attisent chaque jour un peu plus mon projet aérien. « Il y a le ciel, le soleil et la mer… » Ce sera le ciel. « Et dès que le vent soufflera… », je décolle !

Pour l’heure, direction « Aventure et bricolage ». Au rayon « je vole donc je suis », je débusque le harnachement idéal pour chevaucher mon embarcation extraordinaire : combinaison de cosmonaute, casque de pilote de chasse, masque et bombonne d’oxygène, bidon étanche pour solides et liquides de subsistance – « coquillages et crustacés… » de préférence –. Munie de cette curieuse panoplie, la caissière enregistre, sans oser le moindre regard sinon sur ma carte visa qui fera certainement exploser le chiffre d’affaires du jour.

Le décollage se fera dès le lendemain au bout de la jetée du port, à marée basse. « Tous les bateaux, tous les oiseaux… » sont là pour assister à l’évènement. Il y a du vent dans les voiles, et « quand la mer monte… », rien ne sert d’attendre. « La mer qu’on voit danser le long des golfs clairs a des reflets d’argent… » et je m’élance, portée par je ne sais quelle folie, contre vents et marées.

De tourbillons en soubresauts, telle une marionnette géante, j’actionne les ficelles de mes rêves en bleu et blanc, je caresse les vagues, je respire l’iode des embruns, je flotte, je virevolte.

Soudain, au-dessus d’un tapis de sable, je vois s’élancer vers l’océan un engin bruyant, tout en couleurs, et j’entends un cri d’aile qui frôle mon hélice puis s’éloigne et se pose sur un banc (de sable).

Je comprends alors que les airs sont déjà conquis par de multiples visiteurs et que ma soif de solitude restera intacte. Je décide donc d’entamer une descente vers les profondeurs marines. Je veux avaler la mer et ses poissons…

Thème proposé lors d’un atelier d’écriture à Bergerac (UTL : Université du Temps Libre).

Contraintes : voir ICI                                                                                                                                                                                                                        

 

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Commentaires

plume bernache
  J'adore(entre autres) cette

  J'adore(entre autres) cette phrase où tu actionnes les ficelles de tes rêves en bleu et blanc...

Et la chute inattendue, plongée vers les profondeurs marines et la solitude. 

luluberlu
Portrait de luluberlu
À la manière d’Hector Malot :

À la manière d’Hector Malot : « Où l’on voit que pour s’élever, il faut lâcher du lest ».  angel Vive la chansonnette !

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