Voyez passer à l’heure où s’installe la nuit
Des Anaons transis le cortège innombrable :
Ils cheminent derrière un recteur vénérable
Suivi d’un enfant mort dont la clochette bruit.
Ce soir leur appartient : ils viennent pousser l’huis
De leur demeure ancienne et s’asseoir à sa table,
Goûter au pain bénit qu’une main charitable
A daigné disposer auprès de quelque fruit.
Là, fixant le foyer de leur orbite vide,
Ils reviennent chauffer leurs os nus et glacés,
En égrenant les noms des prochains trépassés
Qui bientôt pourriront sous le limon humide.
Autour de l’âtre où geint la bûche des défunts,
Ils disent les secrets que nul ne doit connaître,
Car le temps de mourir comme le temps de naître
Appartient à Dieu seul, maître de toutes fins..
Anaons est le mot breton pour désigner les âmes défuntes.
Commentaires
Ben, indépendamment du sujet qui est sinistre, j’en ai appris des choses. Heureusement, wiki est là. Parce qu’au début, j’ai lu ânons, et je me suis dit : que vient faire là ce cortège innombrable... Meuh non, c’est Anaons, pas la foire aux bestiaux. Bon, je ne suis pas breton, plutôt côté cathare (au soleil, quoi !). Alors les légendes de ce côté, je ne connais pas trop.
Il n’empêche, c’est sacrément (pas sacrement, hein !) bien ficelé. Je suis plus réservé en ce qui concerne le maître de toute fin. Sont sinistres les légendes bretonnes, un peu noires... À cause des ans bruns, peut-être ?
Oups, je n’avais pas vu la définition à la fin ; elle était collée à la moyenne des votes. Je l’ai aérée en laissant une ligne entre. Faut bien que les morts respirent, non ?
Sujet difficile,
Bondieuserie mise à part, croyance ou pas oblige, ce texte est intéressant sur une vision connue ou ressentie de nos défunts dans ce cérémonial.
Merci.
Cependant, j'ai eu bcp de mal avec le 1er vers. J'ai buté sur des mots et phrase voulant semer le trouble, comme pour brouiller les pistes comme « Des Anaons transis le cortège innombrable» et « recteur vénérable ». J'ai quand même continué à avancer derrière ce voile que la suite dévoile plus clairement.
J'ai bien aimé ce texte même si je pense qu'il faudrait revoir ce 1er paragraphe.
Au plaisir
K