Accueil

Sur la place jouxtant ce qui fut jadis un estaminet s’est installée la petite troupe d’un théâtre de marionnettes. Pirouette Cacahuète c’est son nom.

Quelques badauds s’y sont attroupés, des enfants pour la plupart. Un peu à l’écart est assise une jeune fille, visage hermétique et regard mélancolique, arrivée là par hasard ou venue chercher peut-être un dérivatif passager.

Le soleil est déjà bien présent et l’après-midi s’annonce particulièrement chaud.

Sur la scène, dans le but probable de rafraîchir un peu l’atmosphère, un vieux ventilateur estampillé NF souffle et s’époumone ! Soudain, un courant d’air un peu plus puissant et… pfft envolé le chapeau de notre marionnettiste !! projeté dans l’éther azuré ; il divague maintenant là-haut pareil à un voilier sans voile à la recherche d’un îlot où se poser.

Dans un même élan, tous les visages se sont relevés ; on arrête de respirer, intrigué et subjugué tout à la fois par l’étonnante odyssée de ce voilier infortuné.

Ah ! être ce voilier, sillonner les mers à la poursuite d’un éden où déposer ses peurs et ses chagrins, ses regrets aussi : « boulot » perdu, mariage raté, incertitude du lendemain, errements, tracas et galères en tout genre… et puis accoster, débarquer, se « vautrer » sur le sable chaud, fermer les yeux, se laisser aller et lâcher prise, goûter et savourer, boire le silence à grandes goulées… sur son banc de pierre la jeune fille solitaire et triste s’est prise à rêver. Son visage paraît soudain plus serein, son regard semble s’éclairer et, sur ses lèvres, court un instant comme une ébauche de sourire.

Mais, tout à coup, sur l’autre rive, loin de son éden, au beau milieu du square, la vie vient de reprendre ses droits et... balayés tous ses rêves !

Un peu de musique, des voix qui s’élèvent, les rideaux du castelet qui s’agitent, les marionnettes entrent en scène : sous les yeux du public se déroule une drôle d’histoire, une histoire un peu loufoque de pêcheur, d’esturgeon et de pieuvre aux longs tentacules ! Autres rêves, autres rivages…

Mais chut… qu’importe ? Voyez tous ces visages attentifs : la magie est en train d’opérer.

* un exercice proposé à l’atelier d’écriture de Bergerac (les dix mots sont en italiques) : VOIR

 

5.52
Votre vote : Aucun(e) Moyenne : 5.5 (2 votes)

Commentaires

Pepito
Bonjour Olala,   Manque p't

Bonjour Olala,

 
Manque p't être une virgule après "estaminet" et "dérivatif passager" n'est pas très élégant.
 
Sinon, tout le reste est comme une virevolte poussée par le vent(ilateur), bien charmant.
 
Merci pour cette lecture.
 
Pepito

L’écriture est la science des ânes (adage populaire)

plume bernache
rêverie

    J'ai adoré ce texte.Ce chapeau qui divague comme un voilier sans voile...et cette jeune fille mélancolique sur son banc de pierre, je la vois.

    Je trouve ton texte très délicat. Comme un tableau au pastel.

                plume   

Vous devez vous connecter pour poster des commentaires