Si tu étais partie sur un voilier léger, frémissante d’envie pour des pays lointains
Et bien accompagnée par un seul passager
Qui aurait respiré dans ta mélancolie
L’envie de mariage, la peur de t’engager.
Si tu étais passée près de l’estaminet, où sous le souffle frais de son ventilateur,
Tu le savais, je t’attendais.
Je t’attendrais encore dans les éthers viciés de fumée et d’alcool.
Il ne me reste plus que de me souvenir des jadis, des avants,
De tes bras repliés sur tes jambes remontées, ta main dans tes cheveux que tu ébouriffais
Et de l’odeur du thé qui nous enveloppait.
Me souvenir encore,
Trompant les tentacules de l’absence, de la peur, de l’impuissance et du silence…
Des silences…
Des pirouettes lancées pour éluder, pour éloigner de toi, de moi, les mots qui auraient dit
Le vide et la souffrance.
Te voilà maintenant,
Marionnette tragique sous ton foulard doré,
Livrée aux hommes noirs venus pour t’emporter…
* un exercice proposé à l’atelier d’écriture de Bergerac (les dix mots sont en italiques).
Commentaires
C'est extraordinaiire, je suis sans voix, au summum de l'émotion, merci La Poussière.
Je trouve ce texte très puissant, par le choix des mots"les tentacules de l'absence, de la peur, de l'impuissance et du silence". Les trois derniers vers sont terribles...et c'est beau!
Je dirais après vous lu(e), allez plus loin, plus condensé. Il y a beaucoup de choses déjà lues ailleurs même si, ici, assemblées autrement. Explorez votre audace dans ce désarroi.
Un texte qu’on lit sur la pointe des pieds, extrêmement émouvant avec toujours cette délicatesse que j’aime tant.