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Inspiré d’une phrase de Flaubert

"Le diable t’a inventé pour que je sache ce qu’est le bonheur"

 

 

J'écoute cet orgue.

 

N'ose prononcer ta chaude absence.

Ni l'entendre.

Je la dirais au monde.

 

 

L'obscurité se noie dans les perles.

… jusqu’aux frémissements !

 

Nos bras délacés de leur camisole de basalte

s'ouvrent à un autre espace,

sur la couche de nos gestes premiers.

 

Écoute la quiétude.

 

L'étreinte. A réinventer.

Les clairières envahies,

L'humeur éblouissante du vent.

 

Nous réconcilier sur les pentes.

 

L'amour a tatoué les roches.

Nos noms se signent.

 

 

4.02
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Commentaires

jfmoods
Portrait de jfmoods
Il existe deux versions de ce

Il existe deux versions de ce poème. Celle-ci, à la fois plus aérée, plus elliptique... et plus explicative, apparaît plus aboutie, plus convaincante que l'autre, gommant ou développant judicieusement le matériau de départ.

L'entête flaubertien, en forme de chiasme, met en lumière la complexité de la relation amoureuse. Sous les auspices d'une félicité annoncée se dessine en effet la perspective finale du malheur.

L'ouïe (« écoute » x 2, « entendre ») se présente comme le sens dominant de l'ensemble de la perception, matérialisant la ligne de force de l'évocation. L'orgue semble renvoyer à la traversée d'un cérémonial. L'oxymore (« chaude absence ») exclut la perspective d'un mariage, mais laisse planer celle d'un deuil (que semble confirmer la mention de l'obscurité). L'utilisation du conditionnel (« dirais ») avalise l'existence, dans le couple défunt, d'un secret à conserver à tout prix par celui qui reste, à la manière d'un talisman (verbe au présent porteur de crainte respectueuse : « ose prononcer », double négation marquant la restriction : « n' », « ni »). La métaphore (« filaments de journée ») manifeste l'étirement du souvenir en un seul bloc compact, tandis que l'hyperbole, rehaussée de l'italique et du point d'exclamation (« jusqu'aux frémissements ! »), entérine l'intensité forcément douloureuse du champ des émotions. Le verbe (« Écoute ») jette le doute chez le lecteur : est-ce un indicatif présent sans pronom personnel sujet, réduit, donc, à sa plus simple expression ? Ou est-ce, à l'impératif, une adresse (sans point d'exclamation, toutefois) à l'allocutrice, la femme aimée ? Le locuteur invite-t-il le fantôme de cette dernière à l'accompagner dans le souvenir du temps glorieux du couple, désormais à si grande distance (adjectifs qualificatifs : « autre », « premiers »), ce temps auréolé de vive sensualité (champ lexical : « couche », « gestes », « L'étreinte », « amour », « tatoué »), d'immense clarté (« clairières », « envahies », « éblouissante ») ? Le verbe à l'infinitif (« réconcilier ») marque la volonté de pacifier l'ombre laissée par le conflit final, par une zone particulièrement escarpée de la relation (« pentes »). L'image de la pierre (« basalte », « roches ») définit comme élément prépondérant la minéralité du rapport à l'autre, une promesse s'étendant par-delà la mort et que vient parapher, comme au bas d'un parchemin faisant office d'acte de mariage, le verbe pronominal (allégorie : « nos noms se signent »). De fait, le titre du poème semble fonctionner dans un jeu antithétique, soulignant là (« camisole ») une solitude accablante, là-bas (« camisole de basalte ») une dualité resserrée et féconde.

Merci pour ce partage !

luluberlu
Portrait de luluberlu
Magnifiques ces 2

Magnifiques ces 2 « vers » :

L’amour a tatoué les roches.

Nos noms se signent.

L’enfermement, contrairement à ce qu’en pense K-tas-strof (et l’auteur :-)) est exprimé au début :

N’ose prononcer ta chaude absence.

Il est en soi. Mais c’est un enfermement atténué par les réminiscences, le souvenir des jours heureux, par

L’humeur éblouissante du vent.

RB
Portrait de RB
Camisole

Vous n'avez pas tort, K-tas-strof. C'est Flaubert qui m'y a fait songer. Et c'est peut-être une erreur effectivement. Merci de votre rigueur.

 

Écrire, c'est se tenir à côté de ce qui se tait
Jean-Louis Giovannoni - extraits de Pas japonais

K-tas-strof
Portrait de K-tas-strof
Il y a quelque chose qui

Il y a quelque chose qui m'échappe dans ce texte,

Je ne trouve pas d'enfermement, ni dans l'étreinte, ni dans la solitude, si tenté que cela puisse être exprimé. A moins que les mots ne m'aient pas percutés comme je l'aurai souhaité.

Donc, la "camisole", à moins d'un autre sens, n'y trouve pas essence et ne sert pas ce poème.

Il est trop léger à mon goût pour un titre aussi fort.

Si mon comm peut vous servir....

Au plaisir de vous relire.

K

K'adore ou K'pitule ... des fois :-)

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