Accueil

Joie suprême ! La construction de mon éolienne Hélie est enfin achevée. Dix ans à vivre au Canada pour récupérer du bois de caribou, matériau premier de mon éolienne onirique.

Jour J moins 1.

Je dois passer au Vieux Campeur afin d’acheter les derniers éléments nécessaires à la propulsion : les oiseaux migrateurs qui assureront le décollage lorsque le dieu Éole ne sera pas à mes côtés. Arnachés tel des chiens de traîneau, ils répondront à mon appel pour que s’élève Hélie mon éolienne, le dresseur me l’a assuré.

Sur les 100 oiseaux commandés, 99 seulement sont présents mais je n’ai pas le temps de tergiverser, l’élan de mon envol ne saurait attendre.

Jour 1

Vents alliés soufflant nord à nord-est. J’arnache mes oiseaux migrateurs à la nacelle : dans tous les cas, ils m’accompagneront. Propulsion du moteur. L’essence de caramel fonctionne à merveille : je déposerai le brevet dès mon retour. Les pâles s’éveillent, et, doucement, je m’élève. Je veille à conserver un œil sur mes oiseaux, compagnons de mon céleste destrier. Hélie s’élève. Vue panoramique. La Dordogne ne m’a jamais semblé aussi belle… Je conserve le cap grâce à ma boussole. Au besoin, je donnerai des consignes pour rectifier le cap… Le premier vol se passe à merveille : j’ai le sentiment d’être héliportée par un ange. Cap sur les Eyzies : ce soir Hélie reposera aux côtés de Néanderthal… plus que quelques mètres et mon premier atterrissage en perspective. J’observe le mouvement des pâles : R.A.S. : Rien à signaler. Je contrôle le vent avec mon kit de mesure en peau de porc des Cévennes – R.A.S. : Rien à signaler. Et soudain : « CRAC ! ». Bruit sourd. Hélie s’immobilise… Je descend de ma nacelle afin d’observer les dégâts. Hélie n’est pas endommagée… En revanche, Néanderthal est décapité !

La nuit tombe, je dois songer à dormir pour pouvoir assurer le vol de demain.

Jour 2

Réveil en sursaut. Le vent ne souffle pas… Je prends des forces en mangeant de la viande de caribou séché. Moment de vérité : ce sont mes oiseaux qui assureront le décollage d’Hélie. Je les hèle et prononce les mots enseignés par le dresseur. J’énonce à voix haute : « Saperlipopette ! ». Les oiseaux amorcent un mouvement : Hélie s’élève de nouveau. Tout va bien. Enfin, tout va presque bien car les oiseaux évoluent en courbe et non en ligne droite, leur mouvement est sempiternellement ondulatoire, détail que le vendeur-dresseur du Vieux Campeur ne m’avait pas précisé… Soit ! Je dessinerai des courbes dans le ciel puisque je n’ai guère le choix…

Cap sur l’Océan. J’évolue lentement lorsque soudain le dieu Éole consent à m’accompagner : les pâles s’activent. Je dois désormais faire comprendre à mes oiseaux qu’ils peuvent se laisser tracter : je prononce le mot magique. Pour couvrir le bruit des pâles, je me vois contrainte de hurler « Grizzly ! ».

« Grizzly » : les oiseaux obéissent. Je redoutais leur réaction…

L’odeur de l’Océan envahit la nacelle et l’horizon s’illumine. Quel spectacle magnifique que ce coucher de soleil sur l’Océan : je suis subjuguée…. Trop, peut-être, car un bruit sourd retentit de nouveau : Hélie s’est solidement arrimée en mer… je suis clouée auprès de Neptune…

Manger. Dormir. Récupérer pour poursuivre mon voyage.

Jour 3

Tous mes efforts ont été vains. Impossible de décoller de nouveau. Hélie ayant décidé de trôner à vie au milieu de l’élément marin, je n’ai qu’une seule alternative : la vendre à des Allemands pour alimenter leur foyer en électricité.

Je hèle mes oiseaux : ce sont eux qui me convoieront jusqu’au sol : je dois rester fermement accrochée à la corde. Je chute au sol sans me casser quoi que ce soit néanmoins. Je libère mes oiseaux.

Maintenant : marcher.

Marcher jusqu’à trouver un acquéreur pour ma regrettée Hélie.

Note : Un exercice avec contrainte donné lors de l’atelier d’écriture de Bergerac. Voyage en éolienne : traversée du pont de l’ascension en éolienne. Contrainte : passer au Vieux Campeur pour s’équiper. Exercice inspiré par l’émission de France Culture : des Papous dans la tête

4.035
Votre vote : Aucun(e) Moyenne : 4 (4 votes)

Commentaires

LNA
Je viens de lire ton texte

Je viens de lire ton texte dont la qualité rédactionnelle est bien supérieure à celle de mon délire passé... Tant que certains oseront divaguer librement, tout ira bien... Je te souhaite de "commettre" (comme tu dis) de très belles pages d'écriture à l'atelier, en très bonne compagnie qui plus est (car je te sais très bien entouré(e) !!!!

plume bernache
 Je sais où sont passés tes

 Je sais où sont passés tes oiseaux migrateurs!

Ils ont pris une année sabbatique et ils ont capté une autre éolienne.

Oui, elle errait au dessus du Bassin d'Arcachon avec à son bord Nounours, Nicolas, Pimprenelle et le marchand de sable.(voir le texte U.T.L:"Epopée éolienne")

  Je te jure que je n'avais pas lu ton texte avant de commettre le mien...Nous divaguons d'un même souffle.

   Amicalement plume

 

P.S:Néanderthal a toute sa tête. Je l'ai vu il y a peu de temps. Il a juste l'air un peu "estalourdi"!

luluberlu
Portrait de luluberlu
Rappel de la définition

Rappel de la définition d'éculé : Au fig. Qui a perdu tout pouvoir à force d'avoir trop servi. En l'occurence, je ne vois pas trop ce que cela signifie. Le texte, comme la plupart des récits inspirés par ce sujet "abracadabrantesque", me semble plutôt original.

LNA
Néandertal (site des Eyzies

Néandertal (site des Eyzies dans le 24 : vous avez une statue représentant Néandertal localement = attraction touristique dont on trouve facilement la photographie sur internet si vous êtes intéressé). C'était mon commentaire "ennuyeux et éculé" du jour :)

Greg (manquant)
J’aime bien le nom de

J’aime bien le nom de l’éolienne, un diminutif d’Hélios amusant. Je n’ai pas compris l’allusion à Neandertal.  Le tout est assez ennuyeux et éculé. Mes excuses, peut-être suis-je un peu fatigué ce soir. Bien cordialement, Greg.

Pepito
Hello LNA, Forme :

Hello LNA,

 

Forme : délicieuse fluidité, jeux de sonorité très agréables

 

Fond : de l'absurde super sympatoche. J'ai pensé à Tchac tchac la girafe, puis à l'exposé d'un pote sur un voyage en afrique tractés par des moutons volants. Moutons revendus à un berger des Pyrénées, mais qui ne s'adaptaient pas à cause des aigles.

 

Merci pour l'humour permanent.

 

Bonne continuation.

 

Pepito

L’écriture est la science des ânes (adage populaire)

luluberlu
Portrait de luluberlu
Un exercice avec contrainte

Un exercice avec contrainte donné lors de l’atelier d’écriture de Bergerac. Voyage en éolienne : traversée du pont de l’ascension en éolienne. Contrainte : passer au vieux campeur pour s’équiper. Cet exercice m’a été inspiré par l’émission de France Culture : des Papous dans la tête (Papous ou papouillessmiley).

 

Voilà une façon originale de traiter une sujet par essence (de caramel) surréaliste (donc très fantaisiste). Une couche d’invraisemblances posée sur une couche d’invraisemblable. Quoi de plus réjouissant !

Je salue ici l’imagination débordante (et aérienne).  Une lecture extrêmement réjouissante.

Bienvenue à LNA.

 

Vous devez vous connecter pour poster des commentaires