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Les contraintes : Un endroit quelconque (Les exos de l'atelier)

Le « LODEN » bien calé sur le siège, contre la fenêtre, je savoure un certain calme feutré. À ma gauche, mon fidèle sac à dos « LIDL » ne dit mot mais comprend tout, à son habitude. Levant les yeux j’aperçois une casquette rouge « CONFORAMA » (?) qui dodeline. Dort-elle ?… Sur le côté gauche une jeune fille en « JEANS », écouteurs aux oreilles, semble perdue dans quelque rêverie sonore dont je perçois les borborygmes grésillants, Dieu merci, pas trop fort.

 

Les blom, blom, blom plus ou moins réguliers m’assoupissent quelque peu et je ferme les yeux… Je me souviens du temps de mon enfance quand les bruits étaient plus affirmés et plus variés. Aux blim, blim, blim succédaient des séquences de tchique tchique tchac et ronplonplon. Je composais alors d’interminables symphonies ponctuées par le passage des aiguillages et les claquements de porte. Les poteaux électriques qui défilaient constituaient les barres de mesure de ces géniales partitions… Puis j’ouvre les yeux, bâille et regarde au travers de la vitre crasseuse les champs dénudés, ponctués de bosquets. Nous traversons un passage à niveau et j’aperçois quelques véhicules arrêtés, dont une 2 CV CITROËN. Mon regard remonte à bord et fait halte sur l’encadrement de la fenêtre, bien banal… Mais où sont passées les plaques d’antan ? On y lisait :

 

È pericoloso sporgesi !
Nicht hinaus lehnen !

 

Elles m’étaient incompréhensibles mais leur magie me faisait entrer dans un monde plein de mystères et de promesses.

 

Zing crac boum tagada plom plom !

 

« Allo ?… Ah, c’est toi Charlotte ! »

 

Pft… Atterrissage sans douceur. Quel sans-gêne ! me dis-je, en me collant un peu plus à mon dossier.

 

« T’inquiètes pas ! Le train a du retard…
Oui, j’arrive dans… vingt minutes environ. Bisous. »

 

Ouf !… Effeuillerai-je le journal laissé pas un voyageur ?… Non, je n’en ai nulle envie.

 

« Mesdames et Messieurs, votre T. E.R. arrive en gare de Bordeaux.
Nous espérons que vous avez effectué un agréable voyage
et nous vous souhaitons une bonne fin de journée ! »

 

Il est 9 heures 52.

5.04
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Commentaires

luluberlu
Portrait de luluberlu
Bon ben voilà ! ça roule. Je

Bon ben voilà ! ça roule. Je me souviens bien des avertissements affichés dans le train comme È pericoloso sporgesi ! Ils m’ont toujours beaucoup amusé sans que j’en comprenne le sens à l’époque.

Ça me rappelle l’histoire de ce petit cochon mort de faim : et périt Coloso ce porc Gersi (une race imaginaire).

Toujours aussi friand d’onomatopées... Une vocation de bruiteur contrariée, sans doute. Ça crée de la vie, mais il ne faut pas en abuser non plus.

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