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I

Imagine la nuit, c’est la nuit, c’est la nuit...
Pourquoi ?
Imagine la nuit, c’est la nuit, c’est ainsi !

Oh,
mais comme il fait froid ici !
Et le vent mon frère, le vent...

Le vent est un couteau tranchant.
Sa lame te lacère à vif quand sifflant entre les grands pins,
il caresse à la dépiauter la vierge fleur de ton visage.
N’entre pas dans la nuit sauvage et garde-toi bien de sortir !

Et ma sœur mon frère, ma sœur ?

Ta sœur est partie loin chercher du bois, mon frère,
dans la forêt sans fin, dans la nuit avancée.
Du soir jusqu’au matin, j’attends, j’attends, j’attends...
C’est un travail de chien, un travail de titan.

Dans la maison sans bois, sans feu, les entends-tu ?
Notre sœur est partie chercher du bois mon frère.

Imagine la nuit, c’est la nuit, c’est la nuit...
Pourquoi ?
Imagine la nuit, c’est la nuit, c’est ainsi !

II

Imagine le jour, c’est plein jour, c’est plein jour...
Pourquoi ?
Imagine le jour, c’est plein jour, c’est ainsi !

Cela faisait longtemps, un si long temps mon frère,
que le soleil absent fuyait notre demeure.

Nous sortions tous les deux, main dans la main, riants,
quand ses reflets sur l’eau gelée de la rivière,

nous plantaient de ces lames coulant en cristaux,
de ces larmes de pluie transformées en couteaux,

dans nos yeux grands ouverts sous le ciel de midi,
dans nos yeux éblouis sous le ciel de midi !

Imagine le jour, c’est plein jour, c’est plein jour...
Pourquoi ?
Imagine le jour, c’est plein jour, c’est ainsi !

Et nous rirons mon frère, et nous rirons encore.
L’âme pleurant de joie fleurissant de mil feux les futurs champs de guerre que nos pères ont nourris,

enchristés de gloriole,
étrillés sous les poutres,

sous la foudre et le foutre,
sous les brouillards de nuit,
sous les pluies alchimistes,

sous les épées feulantes
.................................au-dessus de leurs têtes,
...................................................................auréolées bénies.

Imagine le jour, c’est plein jour, c’est plein jour...
Pourquoi ?
Imagine le jour, c’est plein jour, c’est enfin !

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Commentaires

brume
Portrait de brume
Bonjour Pussicat

Parfois quand je lis des poèmes comme cela je regrette de ne plus écrire. 

La première partie est sombre, inquiétante, et la seconde partie devient peu à peu lumineuse, comme une renaissance.

les vers sont acérés. Ton poème a l'allure d'un conte, je le trouve très musical, très rythmé.

 

 

plume bernache
poème antique

 

 
J'aime beaucoup ce poème qui ressemble à un conte antique. Un côté mystérieux, un questionnement angoissant, des réponses inquiétantes. Des références à la nature, plutôt hostile."le vent est un couteau tranchant, sa lame te lacère à vif…"la nuit sauvage… la forêt sans fin"
 Du lyrisme, de la poésie, du rythme aussi ; ce pourrait être une chanson.
 "et nous rirons mon frère……": cette conclusion douce-amère à propos de la guerre, peu importe laquelle, éclaire le reste du texte.
 

Pussicat
Portrait de Pussicat
"nous plantaient de ces lames

"nous plantaient de ces lames coulant en cristaux,
de ces larmes de pluie transformées en couteaux,"

 

Je partage l'avis de luluberlu sur ce vers, et je prends le distique en son entier.
Je n'ai pas réussi à transformer cette vision, cet instant précis que j'avais, que j'ai toujours, de ces deux frères retrouvant la lumière ( soleil / joie / paix ) et l'éclat des rayons du soleil qui viennent frapper la glace pour les éblouir dans une giclée rêche aveuglante, tant qu'ils en pleurent ( de joie ou de mal (?))
après des années d'errements, d'obscurité, de prison, de goulag...

"lames / larmes"... ! Les vers ne coulent pas comme leurs larmes ;)... comme je le voudrais !

 

Le texte reste vague sur les événements qui se jouent - le contexte.
C'est volontaire.

 

Je ne veux pas enfermer ce texte dans une époque : la terreur ? 1e guerre mondiale ?... Sommes-nous au moyen-âge ?

Est-ce contemporain ?

 

Une image, une seule, en fin de texte, fait signe aux lecteurs et situe l'action dans un siècle.

 

Sinon, aucune machine, mécanique, et autres instruments de mort ne sont à l'oeuvre ici.

 

"nous plantaient de ces lames coulant en cristaux,
de ces larmes de pluie transformées en couteaux,"... à retravailler !

 

Pussicat

 

Pussicat

luluberlu
Portrait de luluberlu
Commentaire en cours (pas

On dirait une comptine (promenons-nous dans les bois…), plutôt sombre par ailleurs (une perte)… à fredonner. Un peu effrayante aussi.

J'ai pensé à la chanson de Lennon (ICI) mais à part le titre, je n'arrive pas à mettre en parallèle les deux textes. Quant à plaquer une mélodie ???

Ceci étant, cela n'enlève rien à la qualité du texte… Une lueur d'espoir en fin. le jour sans doute.

Et nous rirons mon frère, et nous rirons encore. 

 

Déséquilibre de ce vers me semble-t-il : « nous plantaient de ces lames coulant en cristaux, »

Il ne coule pas comme les autres.

 

Les explications de l'auteur que je n'ai pas mise (évidentes pour moi) :

L’histoire de trois personnes, deux hommes et une femme ou une enfant, le poème reste vague sur l’âge des protagonistes.

 

Deux frères et une sœur, ça c’est c’est sûr, qui semblent vivre à des époques différentes dans le texte I et dans le texte II... d’ailleurs, la sœur disparaît dans le texte II... Qu’est-elle devenue ?

 

Mangée par la nuit ?

Mangée par ces fantômes-soldats-monstres qui errent dans la forêt ? Le lecteur ne le saura pas...

 

Quant au texte II, il s'agit bien de délivrance, de joie, de paix retrouvée !

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