les ans s’accumulent
plus aucune de mes convictions ne s’accroche
au schiste noir
la certitude
je la sais parfum et poison
il m’arrive de penser rose
et de saigner
je me découvre hier fiction dansante
pataugement au milieu des autres
m’intéresse en vérité
la seule recherche d’une pensée accrue curieuse et multiple
selon le jour la lecture ou la rencontre
plus que jamais
à l’écoute de la vibration
je sais que ma voie vers la mort
me construit
de l’ensemble des réels
sable lourd sous les vagues
ou délié par le vent
selon le temps le froid ou l’aride
la beauté franche et déterminée
me dépossède du monde
m’insuffle la conscience de toutes celles
autres
qui l’aménagent
également
je ne renonce pour autant pas à être cette personne
qui me donne à respirer
et que j’examine
comme s’il m’était possible
– déjà – de m’en éloigner
ma solitude est une polyphonie
l’été des jours chauves tant ils sont bleus
les nuits de plus en plus courtes
s’il fallait satisfaire davantage
cet appétit de lumière
avant le
– probablement –
très long sommeil
aujourd’hui je t’imagine dans une belle robe turquoise
tu t’appelles Marie Juliette ma belle plume ou caresse
nous aurions pu nous emparer chacun de côté
de milliers d’histoires d’amour
diversement merveilleuses
je savoure l’immense joie de l’unique nôtre
Commentaires
Merci de votre lecture et de ce commentaire, chère Plume.
Je suis assez d'accord avec vous. Juste une précision : ce texte est extrait d'un recueil en cours qui est une sorte de journal.
J'y vagabonde comme tout ce qui défile et s'extrait parfois de ma tête.
D'où cet enchaînement.
Merci encore, à vous lire également.
Merci de ce commentaire Pussicat et heureux de vous trouver ici.
Vous savez c'est presqu'inconsciemment que je dispose les mots quand je les travaille.
Votre remarque me paraît fort judicieuse : je vais m'y essayer.
Encore merci, à vous lire également.
Bonjour Lulu,
Je ne suis pas certain de bien comprendre. Est-ce, à l'instar de Pussicat, une recommandation à disposer ce texte plus fluidement, en prose plus ou moins continue ?
Merci de votre lecture en tout cas et de vos deux commentaires.
Bonjour RB,
Seule la mise en page m'indispose, ou, précisément : dérange ma mecture.
Comme j'aurais voulu lire ce texte - magnifique - en prose.
Je ne pense pas que les rejets, les paragraphes, les espaces, ajoutent un "plus" ce ce thème que tu déplloies de façon magistrale.
...à bientôt de te lire,
Pussicat
Quand la poésie n’est pas enfermée dans le carcan de la prosodie, j’adore. Je signale néanmoins aux poètes, du moins ceux qui se revendiquent comme tels, que la prose est aussi un formidable « véhicule » poétique…
J’ai beaucoup de mal à comprendre et admettre cet espèce d’ostracisme de l’un par rapport à l’autre, souvent d’ailleurs à sens unique… Un sentiment de supériorité, peut-être ? Quoi qu’il en soit, de mon point de vue, il ne peut conduire qu’à un appauvrissement tant il est vrai qu’un fleuve a besoin de sources pour ne pas se tarir.
Les souvenirs sont choses indéterminées, fluctuants et mobiles. Ils entretiennent parfois, de loin en loin, une ressemblance avec la réalité. Mais ils nous habitent et font que certains poèmes deviennent jour quand le crépuscule et le rêve s'accordent. Un poème polyphonique... il suffit d'être deux en soi.
L'âge venu, humilité lucide devant les inéluctables contradictions de la vie.
Assumées avec une douce mélancolie et exposées ici avec poésie.
" Plus aucune de mes convictions ne s'accroche……et de saigner " J'aime beaucoup ce passage . Ainsi que
"sable lourd sous les vagues
ou délié par le vent"
Il me semble que ce poème pourrait se conclure sur "très long sommeil".
La suite est intéressante aussi, mais elle fait un peu diversion et pourrait éventuellement être l'amorce d'un autre texte ?
Mais c'est juste mon ressenti…
Quoi qu'il en soit, j'ai eu grand plaisir à vous lire.