Je me suis imposé de malmener mon corps.

Avec acharnement je perdais confiance en moi !

 

D’excuses je me liquéfiais en grand désarroi.

Ces grands mea culpa n’étanchaient jamais ma culpabilité !

 

J’avais soif.

 

De me transpercer !

De me balancer à un arbre !

De me gaver de pilules !

 

J’appelais en prière la condamnation définitive de la maladie.

 

Je n’avais pas tout essayé !

 

Un jour j’ai abandonné mes hardes mitées de souffrances.

Elles avaient déteint sur ma peau, affadies mon hâle.

Elles étaient empesées des vilenies insufflées.

 

Ces vêtements raides m’écorchaient depuis trop longtemps.

Ils avaient influencé mauvaisement mon esprit, confiné aux doutes.

 

Au grand tapage de mon corps privé de respect je me suis alarmée.

J’ai changé !

 

J’ai troqué désespoir contre rêves.

 

Des placards, du frigo, ont surgi à ma grande surprise des repas variés.

Je les avais oubliés !

J’entrepris chaque jour, doucement, un carré de ménage.

Bientôt ma maison fut envahie de plantes vertes captant le soleil pour l’asseoir dans mes yeux.

 

Tout compte fait, ce fut facile !

Il fallait s’y mettre et puis cela allait de soi.

 

Je respirais !

 

Je partis à la quête de bonheurs.

 

Joyeuse, je redécouvrais le son de ma voix.

J’étais étourdie par tous ces mots s’échappant furieusement de ma bouche.

Ces mots qui ne pouvaient pas se former au fond de ma gorge avant !

J’implorai d’un sourire, mes interlocuteurs.

C’était si embarrassant ce mutisme qui me muselait !

Ouf !

Il s’était tari !

 

J’accueillais à nouveau tous les sentiments qui m’avaient déserté.

 

Le froid du matin anesthésiait mes joues.

À mon retour, une baguette à la main, mes pommettes se détendaient et s’auréolaient.

Que c’était bon !

 

Que c’est bon !

Ce matin la chaude odeur du pain m’enivre !

Comme hier, comme demain.

C’est merveilleux de croquer dans ma tartine.

Le beurre aux cristaux de sel décuple le plaisir attendu.

 

Le calme de la journée à peine éclose m’envahit.

Je suis bien, tout à moi.

 

Je repasse mon devoir, sous la douche.

Ma gymnastique spirituelle quotidienne !

Voir toujours le bon côté du destin.

 

Chaque jour je salue la vie redécouverte.

Elle m’appartient, avec toutes ses permissions.

Je ne l’oublierai plus car je l’ai décidé !

 

Je me voue à l’optimisme.

Il ne me rend pas aveugle pour autant.

 

J’ai appris

Je choisis !

 

C’est accessible la joie de vivre.

On a l’embarras du choix des raisons d’en avoir !

 

Je veux !

 

Je n’écoute pas religieusement la sacro-sainte : Information !

Elle nous enchaîne sournoisement au pessimisme irrévocable.

 

J’ignore !

 

J’ai retrouvé confiance dans l’humanité.

Je fais de belles rencontres.

Je suis en vie.

J’ai confiance en l’avenir.

 

Je n’espère que le partage, en tout...