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Tu m’as laissée languir
dans la nuit longue et lente
à trop chercher le sens
à trop chercher les mots
que l’alcool brûle enflamme
tant de mots sur des mots
mille-feuilles de mots
que j’en oublie l’essence
que j’en oublie les maux.

J’ai vu le grand cyclope
le grand-père au zénith
décocher de ces flèches
dans l’ébène des corps
de ces braves guerriers.
Il plante ses aiguilles
dans leurs muscles séchés
et fait de leur jeunesse
un souvenir gracieux.

À tous ceux qui possèdent
l’ordinaire est bien triste
et moi d’où je te parle
je n’ai plus peur de rien : je sais.

Un jour
j’ai plongé dans la mer
du haut de la falaise
un cœur entre les mains.

Quand j’ai repris conscience
allongée sur le sable
il battait sang et eau.

Oui un jour
j’ai tenu un cœur entre mes mains
et il battait si fort que la joie s’est posée sur mon épaule.

Depuis
je suis de l’autre côté de la colline
de l’autre côté du jour
de l’autre côté du bord du monde qui n’est pas encore.
Je suis plus affamée qu’un ventre qui vient de naître et je t’attends.

Depuis
je vis seule à l’intérieur de moi
la nuit est longue

Des mots sur des mots
mille-feuilles de mots...

 

5.52
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Commentaires

tanou
Elle reviendra bien ...

Bonjour Pussicat

"Tenir un coeur entre ses mains"

Superbe

"Je suis de l'autre côté"

Là où j'habite

" Mille feuilles de mots"

Je n'ai pas écrit cela mais j'ai dû le penser très fort pour que vous l'écriviez.

Grand bravo

Ne demande pas ton chemin, tu risquerais de ne pas te perdre.

Croisic
La nuit est longue mais,

 la joie revient puisque te voici arrivée jusqu'ici Pussicat.

Merci pour ce beau long poème.

Tinuviel
Portrait de Tinuviel
Poème complexe à commenter

Poème complexe à commenter pour moi. Voilà trois fois que j'y reviens et que les mêmes impressions contradictoires s'imposent à moi. Bon, je vais tenter l'exercice.

 

Première strophe : les 4 premiers vers, sans rien avoir de transcendant, ont un rythme agréable qui permet d'avoir envie de rentrer dans le poème. Impression positive.

Reste de la strophe : badaboum, je décroche.
"que l'acool brûle enflamme"... je ne suis pas friande du tout de ces deux verbes déposés comme ça un à côté de l'autre sans aucune ponctuation, comme si l'auteur n'avait su trop lequel choisir. Mais bon, manifestement l'effet est délibéré, pourquoi pas.
Mais ensuite, la répétition des "mots", même si la volonté, je le comprends, est délibérée, c'est usant, plombant.
Et puis les "mots et maux", oh là là.... cette homonime éculée, ça devient vachement risqué de l'employer je trouve. En tout cas moi, ça me fait sortir totalement du poème.

Et puis vient la deuxième strophe...
Je l'ai lue et relue, je n'y ai pas compris grand chose pour tout dire. Mais ça sonne ! Je n'ai pas le moindre début d'idée de qui sont ce grand cyclope ni ce grand-père, s'il est ici fait référence à des légendes ou une mythologie africaines (puisqu'on parle de "l'ébène des corps"), ou à quoi que ce soit d'autre. Mais malgré mon incompréhension totale, j'apprécie la musicalité de cette strophe, elle me remue même assez fort. Allez comprendre... :-)

A partir de là, tout le reste du poème me touche.
Et pourtant il m'agace en même temps.
J'ai la sensation de beaucoup de jérémiades, et j'y reçois bien plus d'apitoiement que de joie (de fait, elle n'est pas encore revenue, c'est très clair). Je ne parviens plus que difficilement à m'émouvoir pour des poésies parlant de peines de coeur.
Mais ici il y a "un truc", un je ne sais quoi qui m'acrroche, qui me fait rester malgré l'agacement, et me fait revenir à la lecture. Il y a quelque chose qui relève de la beauté intemporelle dans ces quelques phrases.

SAUF les deux derniers vers, ou le leitmotiv des mots me fait retomber par terre... même si je comprends qu'il s'agit d'un point central pour l'auteur.
Un amour virtuel qui n'a rien donné ? Possible. Pas très important pour moi de savoir en fait.

Impression très complexe et mitigée donc à cette lecture. Mais une aptitude à l'écriture poétique qui se révèle et qui devrait persévérer ! :-)

 

luluberlu
Portrait de luluberlu
Le titre donne le ton: " elle

Le titre donne le ton : « elle reviendra bien, la joie ». Un peu désabusé, mais pas dénué d’espoir. Elle reviendra bien (elle, la joie) dans un futur plus ou moins proche, donc elle a été. Pas de certitude, juste l’espérance. C’est à cette aune, me semble-t-il, que le poème doit être lu. Le ton est plus souvent négatif que positif et désabusé qu’enthousiaste. Des mots sur des maux (ou l’inverse s’il s’agit d’amour virtuel).

brume
Portrait de brume
Bonjour

Le titre est déjà vivifiant.

cette attente d'un sentiment solaire se déroule sans lourdeur, elle reste paisible comme un arbre nu perdant ses feuilles en automne attendant patiemment le retour du printemps pour flamboyer.

Et à partir de la 4ème strophe j'ai été emporté par la fougue, j'ai été imprégné par cette émotion vive qui est la joie et mon coeur battait très fort aussi à la lecture de votre poème.

le rythme est changeant, au début il est posé et ensuite la puissance des vers, vifs et sans ponctuation courent à perdre haleine, et à la fin cette douce tempête passe mais ses tremblements attendent d'être réveillés.

Et bien sûr on veut qu'elle revienne, elle reviendra bien, la joie.

superbe poème.

 

 

 

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