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Le répit est un petit jardin 

où s’asseoir déchaussé

 

une parenthèse à la lisière d’orties

 

au-delà du rictus

le répit se démesure

à la faïence du cœur

 

une silencieuse éloquence

housse – provisoirement – mon désespoir

 

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Commentaires

Manuella
Portrait de Manuella
Beaucoup avec peu ! J'ai

Beaucoup avec peu !

 

J’ai adoré : une silencieuse éloquence

                  housse provisoirement – mon désespoir

 

et : une parenthèse à la lisière d’orties

 

et, bref tout !

 

enlightened

barzoï (manquant)
Brèche

Comme c'est bien dit et bien écrit, j"adore ce poème magique. Bravo aussi pour le titre.

plume bernache
résonance

 

 

 

  J'avais déjà lu ce court poème qui en dit long !
Chaque mot, chaque locution évoque (et génère) une émotion, un souvenir, une impression...
Se sentir en résonance avec ce qui est écrit…Je n'en demande pas plus, et là, je suis gâtée !

 

Croisic
J'ai imprimé vos mots,

glissé ces "images" dans ma poche.

Merci.

RB
Portrait de RB
Ah la la

Bonjour Gaston. Oui, ah la la toujours vouloir comprendre quand on ne veut qu'évoquer, suggérer, faire ressentir. Vouloir "comprendre" c'est s'enfermer effectivement dans le désarroi, l'angoisse ou encore l'embêtement. Ouvrez la porte.... Merci de votre lecture et très bon dimanche.

 

Écrire, c'est se tenir à côté de ce qui se tait
Jean-Louis Giovannoni - extraits de Pas japonais

gaston ligny
avez-vous reçu et lu mon com

avez-vous reçu et lu mon com salut cordial gaston ligny

gaston ligny
J'ai lu plusieurs fois votre

J'ai lu plusieurs fois votre poème et pour la compréhension

 j' ai été très attentif au com de LOUIS qui m'a fait le plaisir de commenter plusieurs de mes textes Quand je lisais ses commentaires j'avais l'impression d'être intelligent  Parole! j'ai donc ainsi trouvé un sens à votre écrit  Je n'avais rien compris

 Vos mots sont des touches impressionnistes AU lecteur d'imaginer le tableau Mais je ne suis pas Champolion et la pierre de rosette pour

moi est muette Bien votre

Louis P.
« Le répit est un petit

« Le répit est un petit jardin »

Quelque chose s'interrompt  : un « répit ».

Le répit n'a pas lieu dans un jardin, il « est » un jardin. L'un n'est pas extérieur à l'autre, l'un est l'autre, le répit est jardin.

Il est jardin, et le jardin est calme, repos, sérénité ; un jardin a toujours un parfum d'Eden, c'est un fragment de bonheur. Petit bonheur, petit répit, le jardin est « petit ».

 

Le répit ne suppose une interruption que provisoire, tout reprendra ensuite son cours, celui d'une souffrance, celle d'un « désespoir ». Le jardin s'étend entre «  parenthèses  », ce n'est pas un lieu, c'est un temps suspendu, en dehors, à l'écart, au-dessus du temps tourmenté, troublé, tumultueux, tout chargé de chagrin, d'un vécu.

À l'intérieur de la parenthèse : le jardin des douceurs  ; à l'extérieur : les orties, « une parenthèse à la lisière d'orties » . Hors le jardin où ne se cultivent que les moments fleuris, cléments, vivables : les urticacées de la vie en friche, et leurs douloureuses piqûres.

 

Ce temps du répit, d'une trêve dans la tourmente, s'instaure repos dans l'agitation. Pas forcément celle d'un affairement, mais celle de l'esprit et du cœur. On peut s'y «  asseoir déchaussé  ». La position assise évoque la cessation d'une activité fébrile, elle est accentuée par l'image des pieds «  déchaussés ». Ôtées, les chaussures, avec lesquelles on court, on s'affaire, on s'agite. Le temps du répit est une paix, une quiétude, une immobilité.

Naît en lui «  quelqu'onctuosité d'instant  ». Non pas du quelconque. Mais du précieux, de l'extra-ordinaire, d'une douceur qui tranche avec la rugosité du courant. Une onctueuse pommade sur les bleus de l'âme. Une crème veloutée, en douceur d'instant, répit dans l'existence qui se nourrit si souvent de moments indigestes, âpres et rudes.

 

Le répit est «  au-delà du rictus  ». Pas une éclaircie, pas un sourire douloureux et forcé de l'existence. Une paix véritable.

À quoi le mesurer, en comparaison  ? comment le mesurer dans sa durée  ? On ne le peut, il ne se mesure pas, il se «  démesure  ». Pas une démesure qui serait un excès, un infini. Plutôt un indéfini, plutôt une absence de mesure. Mais une dépendance avec « la faïence du cœur  », les craquelures incommensurables du cœur, ces failles que l'on entend dans le mot « faïence », insondables.

 

Le répit ne parle pas. Il se désigne lui-même dans ce poème. Poème du silence.

Le répit se fait silence, interruption aussi du cours de la parole, des mots qui courent sur l'agitation du vécu.

« Silencieuse éloquence  » pour dire l'éloquence du silence. Le répit ne parle pas, silencieux, mais le silence parle, significatif, il veut dire quelque chose.

Ce poème est une parole, une parenthèse dans la parenthèse d'un silence prolongé.

Le silence ne fait sens que dans les intervalles de parole, par les interstices du dire.

Il « housse » le désespoir, il l'habille et le masque ; il le masque et le révèle dans le poème.

Poème qui s'avère, comme l'indique le titre, une « brèche », une fente d'où sourd la parole, fissure dans une roche, dans un massif de silence.

 

Merci RB d'avoir ouvert une brèche.

 

 

 

jfmoods
Portrait de jfmoods
Le titre ("Brèche") laisse

Le titre ("Brèche") laisse planer l'image d'un locuteur en quelque sorte fortifié, recroquevillé sur ses remparts. La métaphore initiale ("Le répit est un petit jardin") enclave, à l'intérieur même des murs d'enceinte suggérés, un espace-temps fugace (champ lexical du subreptice : "répit" x 2, "quelqu'", "instant", "parenthèse", "lisière", "provisoirement"), mais pourvoyeur de festivité des sens. Ainsi, le mot "jardin" nous offre-t-il la vue et l'odorat, "s'asseoir déchaussé" le toucher (en même temps que l'abandon d'une position verticale évoquant l'obsession du tour de garde), "onctuosité" le goût. L'extérieur, si proche, se présente comme une source indifférenciée de souffrance (complément de lieu : "à la lisière d'orties"). L'allitération en "c" ("quelque onctuosité d'instant") fait, d'une certaine manière, sourdre une menace latente derrière la perspective du court délassement. Le moment charnière qui nous est décrit ici est étrangement assimilé à un rictus, à un sourire forcé et grimaçant. Le locuteur entend-t-il par là signaler au lecteur la difficulté pour lui à se reconnaître véritablement dans le lâcher prise ? Le verbe pronominal à caractère hyperbolique ("se démesure") ainsi que la métaphore ("la faïence du coeur") semblent accréditer l'hypothèse d'un miroir dans lequel on craindrait de se projeter trop longtemps au risque de briser un reflet encore trop fragile. Le paradoxe ("silencieuse éloquence") ainsi que la métonymie qui s'y trouve greffée ("housse... mon désespoir") paraissent manifester la présence de l'écriture comme élément de protection dans le rapport à soi et au monde.

 

Merci pour le partage !

chVlu
Portrait de chVlu
moi j'aurais bien vue

moi j'aurais bien vue réédtition ............pour garder la lisibilité du chemin, mais effectivement l'auteur peut préférer effacer ses traces ;)

 

Sören Kierkegaard (1813-1855), Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est le chemin

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