Jadis je fus marionnette. En bois. Pas celui dont on fait les flûtes.
Je naquis par hasard d’une bûche taillée. Papa tenait boutique près d’un lieu passager où mouillent les voiliers. Le jour où il me conçut, d’humeur mélancolique, en un estaminet il passa trop de temps ; des œufs de l’esturgeon, il était très friand... qu’hélas il arrosait, mariage fatal, de ce russe nectar dûment estampillé qui d’un coup comme en trois (et bonjour les dégâts) en l’éther vous envoie.
Marionnette il me fit, de grossière facture, dans mes fils empêtrée... Mais un jour, par bonheur, sur l’étal de mon père, un ciseau je chipai et clac ! les cordons je tranchai. Et d’une pirouette me voilà libérée.
C’est bon de respirer !
* un exercice proposé à l’atelier d’écriture de Bergerac (les dix mots sont en italiques) : VOIR
Commentaires
Tu as ce talent, entre autres, Plume, de prendre ton lecteur par la main, instantanément il s’abandonne pour te suivre...
J’ai lu ton texte avec gourmandise tout en me léchant les babines quasiment à chaque mot. En tant que lecteur ce style-là est exactement ce que j’attends quand je m’en vais dans un livre. Agatha Christie me l’a donné quand je partais à Sainte Mary Meade (?) chez Miss Marple. Et puis d’autres précieux auteurs, encore. Il n’y a pas de doute tu sais nous emporter.
À quand le roman ?
Un texte fluide, qui se boit plus que ne se lit et ça s'arrête brusquement, on reste sur notre faim.
C'est un peu court je trouve. Dommage car il y là de la matière à travailler, des idées à creuser. La contrainte a été respectée. Je l'ai lu avec amusement.