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De nouveau ce cri de pourceau qu’on égorge.  

Morphée ouvre ses bras et prestement me laisse choir dans mon lit.

Incessantes insomnies…

Voilà cinq jours que ce cauchemar ne me laisse pas de répit. Cinq jours que mes hurlements nocturnes me réveillent. Cinq jours que j’incarne le néant : je n’ai rien écrit... la page 45, effrontément, me toise. Outrecuidante page 45 : je te hais ! 

 

Je ne parviens même plus à rire en songeant que, lorsqu’on évoque les écrivains, toujours, on fait allusion à la hantise de la page blanche. Quelle ineptie ! On se garde bien de mentionner nos longs mois d’incarcération mentale avec nos protagonistes. Ainsi, on passe volontiers sous silence le délit d’ingérence de certains de nos personnages :  sans y être conviés, ils viennent pourtant peupler notre univers onirique ! Personnellement, je dirais que lorsqu’on abhorre un de ses héros, la hantise de la page noircie est bien plus prégnante, bien plus préjudiciable à notre équilibre psychologique – souvent précaire selon certains – que ne l’est la présumée hantise de la page blanche.

 

Insoutenables insomnies…  

Je le savais : jamais je n’aurais dû accepter la proposition de Jean-Eudes, mon agent littéraire :

  • « Mon petit Éric, il serait grand temps d’entrer dans la cour des grands. Il faut vous résoudre à évoluer sur le marché de la viande. Ne comprenez-vous pas qu’il vous faut un personnage d’envergure : voluptueux, sensuel, scabreux, sulfureux… cuit à point, en somme... ? »

S’en sont suivis un éloge dithyrambique et un commentaire pragmatique sur l’indéniable valeur ajoutée de ce type de personnage, car comme Jean-Eudes – agrégé de philosophie – aime à le dire : 

  • « Sylphide + Sordide = CA + DA ». 

Non, CA n’a rien à voir avec le ça freudien, c’est juste l’abréviation de chiffre d’affaires. En substance : CA (Chiffres d’Affaires), c’est pour lui, et DA (Droits d’Auteur), pour moi.

 

Ce jour-là, j’ai mollement protesté comme un artiste se doit, paraît-il, de le faire. Non par principe, évidemment, mais parce que j’appréhendais, tout simplement :

  •  « Jean-Eudes, et si les critiques me reprochaient d’être vulgaire et de chercher à provoquer intentionnellement un scandale afin d’optimiser mes ventes ?
  • Eh bien, vous leur rétorqueriez qu’en écrivant ce livre, vous souhaitiez vous insurger contre l’indigence réflexive. Vous pourriez également invoquer la défense des droits de l’homme : c’est toujours porteur. Vous pourriez même être théâtral, grandiloquent, en leur assénant un : En littérature, tout individu a droit de cité… l’auteur digne de ce nom se doit de promouvoir celui qui, de facto, est mis au banc de la société. Il vous serait alors aisé d’alléguer que, selon vous, la littérature contemporaine s’enlise dans le politiquement correct. Vous pourriez développer en évoquant votre abjection pour la littérature policée, mentionner la responsabilité de l’auteur sur le plan éthique, ce genre de choses... Ça fait toujours son petit effet. Écoutez Éric… on trouve toujours une excuse à sortir à ces fats. Ne vous préoccupez pas des critiques, nous verrons cela en temps voulu. Et souvenez-vous que ma rhétorique sophiste, toujours, volera à votre secours. »

 

Au final, Jean-Eudes, comme à son habitude, a su gagner ma confiance. J’étais convaincu. J’ai donc entrepris de créer mon dernier personnage : un transsexuel brésilien qui n’est évidemment pas brésilien car, comme Jean-Eudes le dit si bien : « Certes le lecteur est stupide mais laissons-le accroire que nous ignorons cet état de fait. »

J’ai tout naturellement donné au transsexuel de mon dernier roman, Birgitta, la nationalité suédoise :  je sais ménager mon lectorat en n’entachant pas sa nationalité de ridicule. Je suis passé maître dans l’art du consensus mais n’est-ce pas cela, précisément, que l’on attend d’un auteur contemporain ? De toute évidence, le prénom de mon personnage laisse à désirer, mais il est indéniablement préférable au prénom dont je l’avais affublé initialement : Rut. C’est Jean-Eudes qui m’a suggéré de modifier ce prénom pour Birgitta, en n’omettant pas de me rappeler les fondamentaux.

 

Je le reconnais, au tout début, donner une âme à Birgitta était plutôt divertissant. C’était bien plus aisé que je ne l’avais imaginé de prime abord. En décrivant l’enfance de mon personnage, je me sentais porté. Birgitta, née Gunder, se voyait contrainte par un père alcoolique et rustique de jouer au rugby. Elle qui aspirait tant à devenir ballerine se trouvait plongée dans le fétide enfer des vestiaires, au milieu de petits garçons pour qui éructer était la forme d’expression la plus subtile. Je sais, c’est quelque peu stéréotypé. Le fait est que je ne tenais pas trop à m’éloigner des lieux communs : ça pourrait déstabiliser mon lecteur qui, à l’évidence, ne lit pas mes romans pour réfléchir. Comme le répète si souvent Jean-Eudes : « Respectons le système de croyances de notre lecteur : le doute est l’ennemi de l’achat compulsif. »

 

Comme cela s’entend, parvenue à l’adolescence, ma Birgitta a vécu une crise existentialiste identitaire majeure. Toujours prêt à démontrer à mon lecteur que je le tiens en haute estime, je me suis abondamment documenté sur mon sujet en consultant les forums transgenres sur Internet. Soit dit en passant, le copier-coller m’a fait gagner un temps précieux.

L’âge adulte de Birgitta reste indéniablement le moment que j’ai le plus affectionné. À ce stade, j’avais atteint l’état de flux : mes doigts, tels des ailes de colibri, volaient sur mon clavier. Il était si aisé de parer Birgitta de sublimes atours charnels. Grâce à la chirurgie esthétique, je n’avais aucune limite rédactionnelle : je pouvais enfin créer la perfection.

 

Comme Jean-Eudes l’affirme : « Le lecteur, toujours, demeure au cœur de nos pensées. Nous le savons, le bibliophile est une espèce en voie d’extinction. Nous nous devons donc de choyer les trop rares individus qui, incongrûment, persistent à vouloir lire ». Pour dorloter mon lecteur, je suis naturellement enclin à lui offrir du rêve. Il en a tant besoin, lui qui, quotidiennement, se trouve confronté à l’insipidité de « la vraie vie ». Comment voulez-vous rêver face à de la cellulite, du double menton, des bourrelets adipeux, voire des verrues plantaires ? Grand prince, j’ai pris grand soin de la plastique de Birgitta. Elle m’a tellement inspirée qu’il m’a fallu sept pages pour la dévoiler. Objectivement, on est loin de la description de Notre-Dame de Paris par Victor Hugo mais restons lucides :  le lecteur contemporain préfère Barbie aux cathédrales...

 

J’en étais rendu au stade où j’éprouvais une immense gratitude pour la perspicacité créative de Jean-Eudes. Décrire Birgitta était délectable. De mes lignes d’écriture, j’avais effeuillé chaque once d’hésitation : désormais, elles fleuraient bon l’exaltation d’Épicure. 

 

Ce n’est que le jour suivant que mes songes ont été pris d’assaut. Je me souvenais toujours confusément du début. Par je ne sais quel prodige, envoûté par une femme lascive, je vivais un moment de pure délectation érotique. Abandonné à ses impudiques caresses, j’exultais : manifestement, elle n’était pas du genre à combattre pour sa vertu… À la volupté, je m’abandonnai complaisamment jusqu’au moment où, dans les traits de cette femme galante, je reconnaissais Birgitta. C’est invariablement à ce moment-là que mes hurlements me réveillaient… et que je me retrouvais – fort heureusement – seul dans mon lit mais en proie à une incommensurable angoisse. Épouvanté, je ne parvenais jamais à me rendormir.

 

Ça ne pouvait plus durer. Birgitta obscurcissait exagérément la couleur de mes pensées : elle devait cesser d’explorer nuitamment la géographie de mon corps… Pour préserver ma plume comme ma santé mentale, je devais prendre des mesures radicales.

J’ai donc fini par prendre mon téléphone portable pour joindre mon agent :

 

  • « Dîtes, Jean-Eudes, Birgitta me hante. Elle me donne des cauchemars, et très franchement, ça devient ingérable.  Il va falloir que je trouve un moyen de la supprimer...
  • Hors de question, mon petit, hors de question. Pas de meurtre. Je vous rappelle la nature de notre accord :  vous n’écrivez pas de polars car Pierre-Emmanuel, l’éditeur à qui j’ai vendu vos mérites, ne changera pas de distributeur… À présent, Éric, vous êtes suffisamment déniaisé pour être conscient des contraintes que nous devons gérer : on ne change jamais son réseau de distribution. C’est en grande surface que vos livres doivent être diffusés et vous connaissez les règles inhérentes au rayon TLK/42 qui nous est alloué. On peut se connaître bibliquement… à condition de demeurer résolument conventionnel. On peut donner dans le goût du drame… à condition de ne pas en abuser.  Alinéa 56 du contrat qui nous lie, je cite : “Sordide homéopathique, oui. Thématique macabre, non.” Bref, Pierre-Emmanuel n’ayant pas accès au rayon TRZ/28 des polars, pas de meurtre… sinon je ne pourrais jamais lui vendre votre manuscrit.
  • Mais…
  • Mon petit, vous avez déjà un lectorat assuré avec votre précédente bouse alors ne compliquez pas tout, faîtes-moi confiance. L’an passé, Pierre-Emmanuel a durement négocié pour que vous soit octroyé le Prix Interallié, oui ou non ? Bon, d’accord, je sais que ce prix littéraire n’est qu’honorifique… une véritable arnaque ! Certes, on ne vous a pas fait de chèque mais songez à la façon dont vos ventes ont explosé lorsque la presse a annoncé que vous étiez lauréat du prix Interallié… Écoutez, votre travail, c’est d’écrire. Le mien consiste à optimiser votre produit littéraire et à le vendre.  Le potentiel d’intérêt et de diffusion, c’est mon domaine, pas le vôtre. En clair, vous vous débrouillez comme vous voulez mais vous ne touchez pas à Birgitta.  Je suis sûr que grâce à elle, Pierre-Emmanuel devrait pouvoir vous négocier le Prix Fémina cette année, alors réprimez vos envies meurtrières. Vous n’allez tout de même pas vous laisser anéantir par un petit cauchemar, n’est-ce pas ?! »

 

« Bouse ». Il avait prononcé le mot : « bouse ». Or, lorsque Jean-Eudes évoquait mon premier roman en prononçant ce terme, plus rien n’était négociable…

 « Vous ne touchez pas à Birgitta ». Il en avait de bonnes… Ne pas toucher à Birgitta quand je devais subir l’assaut de ses intempestifs attouchements… Malgré tout, je devais obtempérer : le couperet était tombé. Je restais donc avec ma Birgitta sur les bras.  Tant pis… Même s’il m’en coûtait, je devais persévérer et continuer à travailler mon intrigue. Résolu, je m’éloignais volontairement de Birgitta pour donner vie à mes autres personnages en prenant soin de limiter leur description au minimum syndical chirurgical : je m’étais déjà fait avoir une fois, on ne m’y reprendrait plus…

Page 44. J’avais bien avancé, je tenais mon calendrier : j’étais satisfait.

Je ne savais pas encore à quel point la page 45 me tourmenterait. J’avais omis un léger détail. Fatalement, Birgitta finirait par revenir sur le devant de la scène.

 

Effectivement, page 45, Birgitta entrait de nouveau en scène.

Nouvelle salve de cauchemars.

Cette fois-ci, tous mes cauchemars différaient à un détail près cependant : dans tous mes cauchemars, je supprimais Birgitta.

La première nuit, je la noyais.

La deuxième nuit, je l’étranglais.

La troisième nuit, je la défenestrais.

La quatrième nuit, je la pendais.

La cinquième nuit, je vidais le chargeur de mon fusil d’assaut sur elle… et je me réveillais en hurlant et en pensant que je n’avais même pas de fusil d’assaut… À quoi bon puisque je ne savais même pas me servir d’une arme... Au fond, Jean-Eudes avait raison, je serais vraiment embêté si je devais écrire un polar.

Ceci dit, à cause des recommandations de Jean-Eudes, j’en étais réduit à assassiner un transsexuel suédois la nuit. Honnêtement, je trouvais que ce Jean-Eudes, désagrégé de philosophie, s’écoutait parler. Et il commençait à me faire chier avec son ton paternaliste condescendant. Je ne devais pas le laisser sacrifier mon moral sur l’autel de la prospérité…

 

Grand sourire.

  • « Ça y est ! »

Enfin j’arborais un grand sourire. Enfin, j’avais la solution.

  • « Tu aimes le bistouri Birgitta, n’est-ce pas ? Eh bien, je t’amène faire un tour au rayon boucherie. »

 

Avec entrain, je me lançais alors dans la description du calvaire de Birgitta : elle périrait dévorée par un ancien amant épris, éconduit et cannibale.

Bien sûr Jean-Eudes ne manquerait pas de me rappeler à l’ordre mais je lui rétorquerai :

  • « Écoutez Jean-Eudes, ne devais-je pas me résoudre à évoluer sur le marché de la viande ? Ne me fallait-il pas un personnage cuit à point, en somme ? Birgitta a cauchemardé, c’est tout… Vous n’allez tout de même pas vous laisser anéantir par un petit cauchemar, n’est-ce pas ? »

 

 

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Commentaires

LNA
@ Pépito Merci d’avoir pris

@ Pépito

Merci d’avoir pris le temps de commenter aussi longuement.  « Incarner le néant » = alliance de mots antithétiques = oxymore. Mea maxima culpa, j’aime les oxymores, sûrement parce qu’elles sont surréalistes, déroutantes (ex = soleil noir).  Outrecuidante (il fallait me répondre « Diantres » mon cher…). Je sais ménager mon lectorat, etc (allusion à l’ethnocentrisme). Je note que le mot « rut » suffit à réveiller Pépito J  Pour sombrer dans la psychanalyse de bas-étage (ne nous en privons pas), la peur d’Eric = la peur de ses propres phantasmes : mais comme nous ne appelons pas Sigmund, nous ne pouvons rien pour lui.

Si la fin plaît plus que le début, la raison est très simple : j’ai retravaillé le début – qui donc est perçue de façon mécanique : merveilleuse illustration de vos propos sur le fait qu’il ne faut pas perdre son texte en le retravaillant). J’en avais marre de reprendre, voilà pourquoi la fin est moins retravaillée = plus spontanée. Elle est de ce fait trop rapide (cf. K-Tas-Trof) et j’ai même perdu ChlVu au passage (parce que je n’avais pas précisé qu’il fallait prendre ses cachets contre les renards avant de lire le texte…) En bref, ça crée une déséquilibre (relevé par 3 personnes).

 

@ Luluberlu. Merci, je note que Luluberlu a pris ses cachets contre les renards pour répondre. Je note également qu’il fait partie du lobby de sauvegarde du neurone de rugbyman retrouvé en l’an 702, entreposé dans un musée parisien car unique en son genre : « neurone inusité » (second degré évidemment…)

 

@ La Poussière « Bonjour ma topine »

 

@ Luluberlu et La Poussière :  à vos plumes, je ne demande qu’à vous lire sans consigne d’écriture !!!!!

LNA
@ K-tas-trof - Merci pour la

@ K-tas-trof - Merci pour la sincérité "la fin un peu expéditive" (c'est vrai, c'est pertinent : j'avais envie d'en finir et il y a déséquilibre)

LNA
@ ChlVu - Précisez ce qui

@ ChlVu - Précisez ce qui vous a bloqué : le point de vue est intéressant précisément parce qu'il y a blocage. Quand vous sentez-vous perdu ? Pourquoi  selon vous ?

la poussière
Bien le bonjour madame LNA Je

Bien le bonjour madame LNA

Je suis bien aise d'avoir eu de vos nouvelles par Birgitta.

Pas de commentaire, juste le plaisir de rencontrer une vieille copine qui m'a parlé d'une amie commune.

Au plaisir d'autres nouvelles, à bientôt et bon été

K-tas-strof
Portrait de K-tas-strof
Whouaoouuw ! Très très

Whouaoouuw !

Très très chouette comme texte. L'histoire me plaît bcp, la fin un peu plus expéditive à mon goût mais que j'ai trouvé très très bien écrite. Facile à lire et qui laisse tout ce qu'il faut au lecteur de poursuivre à huis-clos le débat sur sa propre émancipation....

J'ai apprécié tout particulièrement chaque commentaires laissés. Leur pertinence mérite de figurer au pas de page, comme pour signer l'hommage rendu... ;)

 

Merci pour cet écrit et le partage.

Au plaisir

K

K'adore ou K'pitule ... des fois :-)

Pepito
(suite)   « donner une âme à

(suite)

 

« donner une âme à un personnage » est effectivement divertissant. Là je retrouve le trans de Garp (de John Irving), le copier-coller (de Houellebecq) et les vestiaires de chVlu ;-)

 

« Respectons le système d’achat … achat compulsif » voilà du naturel, du bon !

 

« l’état de flux » belle image. Je rêve qu’il dépasse un jour pour moi les 2 lignes, mais c’est pas près d’arriver.

 

La critique du « lectorat », que du bon encore. Sans parler de la « vraie vie »

 

« exaltation d’Epicure » t’étais obligée ;-)

 

Nouvelle référence (pour moi) « La piel que habito » d’Almadovar. Ce qui est fait en physique dans le film est retranscrit ici en idées. Très bon. Par contre, la peur d’un trans aussi bien réussi est assez incompréhensible.

 

Ouha, l’association bouse/Interallié fallait oser. Des comptes à régler ? ;-)

 

Le « noyais, étranglais,… » m’a bien fait marrer. J’ai aussi appris que sans fusil d’assaut, pas de polar ! ;-)

La sortie contre Jean-Eudes (qui s’écoute écrire) m’a fait du bien. La fin genre Anibal Lecteur (chVlu ®) est jouis

sive et marrante.

 

J’ai beaucoup plus aimé la fin que le début de ce texte. Vu l’excellent niveau d’écriture, il me manque un certain laissez aller, une manière d’oser. Le plaisir d’écrire ne se ressent pas au début, peut-être de la timidité ?

 

En tous cas, merci pour cette bonne lecture.

 

Pepito

L’écriture est la science des ânes (adage populaire)

Pepito
Bon comme c’est à bulletin

Bon comme c’est à bulletin secret, je ne sais pas que l’auteur est LNA, sinon je serais beaucoup plus gentil. ;-)

 

« De nouveau ce cri … » au réveil, cela ne peut pas être « de nouveau ». Au réveil c’est « haaa ! » puis « merde, encore ?!» et pas « merde encore !?, haaa ! »

 

« …me laisse choir dans mon lit » ça c’est pour un narrateur somnambule, sinon on il «est» déjà dans on lit et ne peut y choir.

 

« que j’incarne le néant » … ? Incarner … rien ? hummm

-          Moi, j’ai peur de rien !

-          Mhaffrrttt-bzzz…

-          Qu’est ce que t’as dis ?

-          Moi ? Ben rien.

-          Haaaaaa !

 

« Outrecuidante » diable !

« On fait » voyons, à ce niveau « nous faisons » bien mieux ;-)

 

« lorsqu’on abhorre » lorsque l’on n’aime pas, Pepito t’es vraiment vache !

 

L’idée développée dans le paragraphe n’en reste pas moins très intéressante. Crée-t-on le personnage en l’écrivant ou donne-t-on juste une forme à un existant… même inconsciemment ? Poil aux dents !
Je suis, par expérience récente, pour la deuxième solution. Le tout étant indépendant du fait qu’il vienne la nuit nous tirer les pieds. ;-)

 

« Insoutenables insomnies… »  J’adore les allitérations

 

« Jean-Eudes » parle… si vous m’en trouvez un vrai qui parle comme celui-là, je veux bien le pendre. Par contre un langage de charretier, ou mieux, de maquignon, là j’adhère ! ;-)

 

Bon, on diagonalise le discours pédant et on sursaute à « transsexuel brésilien » ! On arme l’arme de destruction massive :

-          Au bois de Boulogne, y’a plein de travestis Brésilien !

-          Normal, c’est les lois du commerce, vu que le Bois est plein de bon français qui adorent se les taper.

 

Oups, on désarme, on sait que c’est écrit par LNA. Re oups, le trans est Suédois.

 

« je sais ménager mon lectorat en n’entachant pas sa nationalité de ridicule » non, mais imagine si je ne savais pas que c’était toi derrière cet écrit ?! ;-) Guadalcanal, à coté, c’était de la pisse de brebis… ;-)

 

Et on arrive à « Rut » (fallait oser ;-) et le texte devient très intéressant.

(suite demain) 

L’écriture est la science des ânes (adage populaire)

luluberlu
Portrait de luluberlu
Avec un nom pareil, on ne

Avec un nom pareil, on ne pouvait qu’atteindre des sommets, ce qui montre bien que, même les cathédrales ne sont pas inaccessibles au lecteur contemporain, quand bien même il irait chercher sa pitance au rayon boucherie. Car le lecteur n’est pas aveugle. Les techniques de la thermokératoplastie au laser (TLK, 42 étant le nombre d’incisions laser) aujourd’hui parfaitement maîtrisées font que Jean-Eudes* se fourre le doigt dans l’œil (mais pas que !).

Quant au rayon TRZ, Z pour Zygomatiques, il me paraît plus approprié, tant ce trop court texte m’a fait rire. Bon, il ne fait pas 7000 mots, mais il faut un début à tout.

Pour ce qui est de la bouse, je rappelle que Maurice « Vachelier », le chanteur, est né dans la bouse. Mais quel parcours ! La bouse est une entité sauvage qui se rit de tous les codes, s’amuse avec les étiquettes, les styles ficelés dans des tiroirs, joue des accoutumances au train-train, etc. Donc, rien de péjoratif.

Plus sérieusement, mes ressentis : 

— Ce texte est un Pamphlet, une satire, illustrant une philosophie du profit « asymétrique ». Ce type d’échange, puisqu’il génère un profit, se fait au détriment des autres. Nous avons donc, lors d’un match inégal, un agent littéraire « philosophe » au cynisme assumé (« Sylphide + Sordide = CA + DA »), condescendant (Mon petit Eric, etc.), un auteur un peu consentant (DA, « j’ai mollement protesté ») et des acheteurs victimes bêlants (quand on aime la daube).

Pourquoi J-E se priverait-il ? Notre logique actuelle est celle du capitalisme, caractérisé – pour ce qui est de ses contraintes aliénantes – par un productivisme et un consumérisme axés sur la valorisation nette maximale des capitaux (ici les « bouses » de l’auteur). C’est une logique systémique dans laquelle toute mise de fonds doit engendrer un surplus. L’adhésion aux contraintes ambiantes de la part des « consommateurs » est une adhésion aliénée, qui n’est pas issue d’une réflexion libre, d’une intériorisation lucide des contraintes, et n’est que très rarement une adhésion critique et lucide. Il s’agit donc bien ici d’ » indigence réflexive », de carence critique exploitée de manière cynique.

— Une langue soutenue : prégnante, dithyrambique, indigence réflexive, laissons-le accroire, etc.

— Une articulation du récit habile.

— La hantise de la page noircie, une sorte de mise en abyme, puisque non écrite sur une page qui est blanche (et qui finit rouge).

— Je constate qu’on a échappé au transsexuel Rut (cf. Brassens [la chanson « Le bulletin de santé », pas le bonhomme… tssssss ! En passant, je trouve qu’il règne sur ce site un esprit gaulois]). Merci aux fondamentaux.

— Je m’insurge contre cette rumeur à propos des « petits garçons pour qui éructer est la forme d’expression la plus subtile », même dans des vestiaires.

 

Bien, maintenant on sait jusqu'où vont les phantasmes de l'auteur.cool

 

* qui s’appelle Jean-Eudes de nos jours ! Ce JE me paraît bien présomptueux.

 

chVlu
Portrait de chVlu
Une belle plume, des

Une belle plume, des constructions de phrases riches , j'aime bien...

 

Tout le jeux en trio est superbement mené à mon goût et les trois personnages (même 4 si birgitta compte double) sont bien présents et prennent tous corps au fil de la lecture.

 

Une chute pas mal dans l'idée, mais l'image du subterfuge trouvé par le narrateur-auteur  reste assez flou à mon esprit. J'ai un soucis avec le cauchemard de birgitta qui la fait réellement disparaitre dans la bouche d'un ex amant cannibale. Soit je suis un peu fatigué, soit le fil de l'idée n'a pas été tiré et la pelote reste confuse.

 

Un bon texte selon moi, et en tout cas que j'ai eu facilité et plaisir à lire.

 

Sören Kierkegaard (1813-1855), Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est le chemin

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